Peintre riche d'une œuvre de plus de mille toiles, Nicolas de Staël (1913-1955) a tout sacrifié à son art, poussant toujours plus loin ses recherches. Entre frénésie créatrice et affres existentielles, le portrait sensible d'un génie tourmenté, diffusé en marge d'une exposition au musée d'Art moderne de Paris.
"Je sais que ma vie sera un continuel voyage sur une mer incertaine." L'odyssée de Nicolas de Staël débute en 1914 à Saint-Pétersbourg, où il voit le jour dans une famille d'aristocrates bientôt contrainte de fuir la révolution bolchevik. Orphelin suite au décès de ses deux parents en exil, il est recueilli avec ses sœurs par un couple bruxellois. À la vingtaine, l'étudiant des Beaux-Arts part exercer son regard sur les routes d'Espagne et du Maroc. Dans un café de Marrakech, il rencontre Jeannine Guillou, peintre et mère d'un petit garçon, qui abandonne son mari pour vivre et créer avec lui. La guerre – au cours de laquelle il bascule dans l'abstraction et devient père pour la première fois –, les privations et la disparition de celle qu'il aime en février 1946 imprègnent d'angoisse ses toiles de l'époque. Alors que son mariage avec Françoise Chapouton, qui lui donnera trois enfants, lui apporte une stabilité réconfortante, son expression évolue peu à peu : les couleurs, posées en aplats épais, s'éclaircissent et les formes s'agrandissent. En 1953, les lumières du Sud (Luberon, Italie) et son amour pour Jeanne Mathieu, une femme mariée, embrasent sa palette. Au faîte de son succès, notamment aux États-Unis, l'artiste, dévoré par la passion, s'enfonce pourtant dans le désespoir. À Antibes, où il a installé son atelier, il peint, dans une matière diluée, marines et natures mortes à une cadence infernale. Jusqu'à son suicide, le 16 mars 1955, à l'âge de 41 ans.
Créateur infatigable, aventurier nomade et amoureux passionné, ce géant au tempérament ombrageux s'est livré à un intense corps-à-corps avec la peinture, se renouvelant sans cesse, indifférent aux modes comme aux critiques. François Lévy-Kuentz retrace sa fulgurante trajectoire intime et artistique dans ce beau documentaire parcouru d'archives (dont de magnétiques portraits signés Denise Colomb), de ses œuvres et d'extraits de sa correspondance, lus par Thierry Hancisse, de la Comédie-Française.
Un documentaire de 53 minutes réalisé par François Lévy-Kuentz et produit par Temps Noir, dans lequel vous découvrirez 35 secondes de films issus des fonds Pierre Léger, Esprit Coste et Roger Coste et Yvon Lorenzini - Jean-Claude Laffage. Merci aux déposants de ces films !
Diffusion TV le 21 septembre 2023 et en replay jusqu'au 22 décembre 2023 sur arte.tv