Les films de Pierre Faral ont été confiés à Cinémémoire lors de la collecte menée à Fos-Sur-Mer pour le projet à l'Ouest de la Provence. Sa fille, Lucienne Faral, maintenant âgée de 78 ans, a fait don à Cinémémoire de 64 films en format 9,5 mm, tous rangés dans des enveloppes annotées d'un sommaire, et catégorisés par Pierre Faral sous les noms d'«Images de la vie», et de «La vie telle qu'elle fût». Ce dépôt traverse le temps avec presque un demi-siècle d'images, tournées de 1924 à 1970. Sur ces films de familles nous sont offertes des tranches de vie: vacances et excursions dans le sud de la France, événements familiaux, montages mêlant portraits des amis et films d'actualités, et des images précieuses du centre ville de Marseille dans les années 30, notamment en 1936, lorsque le bassin de La Plaine est transformé en jardin, et en 1938, lors de l'incendie des Nouvelles Galeries...



Pierre Faral
est né en 1899 à Guillestre dans les Hautes-Alpes. Il partage une passion commune avec ses deux frères, Paul et Lucien: le théâtre. Leur père était architecte, et Paul et Lucien avaient une entreprise spécialisée dans la fabrication de jeux d'enfants. Quant à Pierre, il était vendeur dans un centre commercial de la rue Saint Ferréol à Marseille, puis il est devenu banquier. Il anime un théâtre amical avec des amis de son église où ils organisent des représentations amateur.  Il n'a effectué aucune formation de cinéma ou de théâtre, mais avant la réalisation de films, il pratiquait déjà la photographie. Il se fournit en pellicule 9,5 mm dans un magasin de la rue Saint-Férréol: «Optique photo», et est l'un des premiers clients du magasin à commander des pellicules de cinéma: son premier film est daté de mai 1924, et les premières caméra Pathé Baby ont été mises en vente en avril 1923. Durant le seconde guerre mondiale, Pierre Faral est appelé en renforcement en tant que réserviste sous officier. Tout d'abord à Hyères puis à Aix-En-Provence où il réside à la villa Charmante chez des logeurs, avec sa femme. Les nombreux films qu'il a réalisé l'étaient pour sa famille et pour ses proches, auxquels il avait l'habitude d'offrir des exemplaires des films sur lesquels ils apparaissaient. Quelques projections privées étaient organisées au sein de la famille et pour les amis. La majorité des films en couleur, tournés par Pierre Faral à partir des années 50, a malheureusement été très endommagée, c'est pourquoi nous vous présentons ici essentiellement les films les plus anciens, qui ont mieux résisté à l'épreuve du temps.

La vie telle qu'elle fut: 1er chapitre: 1924
Film 9,5, noir et blanc, muet, 9 mn 46 s, 1924 - séquence n°: 923-001
Plusieurs scènes de famille à La Pomme (13011), le port de Cassis, et une baignade à la plage des pierres tombées dans les calanques de Marseille


Antoinette Liffraud, épouse de Pierre Faral et mère de Lucienne, apparait à partir du deuxième film de Pierre Faral. Née en 1907 à Marseille, Antoinette portait comme premier prénom Blanche, comme sa soeur ainée qui était décédée à l'age de trois ans. Antoinette se maria à 18 ans à Pierre Faral, en 1925. Mme Faral filmait épisodiquement les séquences familiales, sans passion notable, mais c'est ainsi que l'on peut voir le cinéaste dans plusieurs séquences de ses films. Elle est décrite par sa fille comme une femme chaleureuse, sociable, généreuse et aidante. 

La vie telle qu'elle fut: 2 ème chapitre: 1925
Film 9,5, noir et blanc, muet, 7 mn 57 s, 1924 - séquence n°: 923-002
Le 1er janvier à la villa Moutte, Les plaisirs de Lulu, numéro équestre présenté par Monsieur Louis Féraud, Où entre en scène mademoiselle Antoinette Liffraud

Variétés, Magazine n°4
Film 9,5, noir et blanc, muet, 3 mn 45 s, 1928 - 1933 - séquence n°: 923-062
Voyage: la côte d'Azur en 1929, le hôme: Pierre Faral lit les nouveaux journaux de 1933, Cinéma chez les amateurs: Lucien et Paul Faral dans une comédié réalisée en 1928. 

La Vie telle qu'elle fut: 9ème chapitre - 1936
Film 9,5, noir et blanc, muet, 12 mn 54 s, 1936 - séquence n°: 923-014
Le bassin de la Plaine (13005) disparait, Portrait, Aix en Provence et le bassin Zola, Bandol, sortie avec le nouveau théâtre à Toulon, La Seyne sur Mer et Sanary, Le jardin de la Plaine est ouvert au public. 


La Vie telle qu'elle fut: fin du 10ème et 11ème chapitre - 1937 - 1938
Film 9,5, noir et blanc, muet, 9 mn 25 s, 1937-1938 - séquence n°: 923-016
Cassis en 1937, les quatre vingts ans de mademoiselle Giréoud, journée de Pâques 1938, le nouveau quartier (probablement vers La Blancarde), Journée à la Sainte Baume en juin 1938, "Les plaisirs de la Paix", 9 octobre 1938, puis l'incendie des nouvelles Galeries le 29 octobre 1938, le port de La Ciotat le 27 novembre 1938. 

La Vie telle qu'elle fut: 12ème et dernier chapitre - 1939 - 1942
Film 9,5, noir et blanc, muet, 9 mn 38 s, 1939-1942 - séquence n°: 923-018
Première partie: 1939, au retour de Salon, Arles et ses environs, de St Pons à La Ciotat, La Tour d'Aigues et Grambois, La chapelle St Pancrace, Réaltor, juillet - aout à Aix en Provence, aout au bassin St Christophe, Deuxième partie: 1942, Pentecôte: jeu de dames


Lucienne Faral apparaît sur les images à partir du vingtième film, alors qu'elle est seulement âgée de 3 mois. C'est en 1968 qu'elle signe sa dernière apparition à 25 ans. Nous suivons les événements majeurs de son parcours de vie : sa première communion, sa confirmation puis, quelques années plus tard, ses fiançailles. Fille de Pierre et Blanche Faral, Lucienne Faral est née en Février 1943 à Marseille. Elle vécut son enfance à Marseille en tant que fille unique. Dès l'obtention du baccalauréat, elle séjourna un an aux Etats-Unis. A son retour en France et malgré la validation de son concours d'ingénieur, elle décida de débuter des études supérieures de lettres modernes à la faculté d'Aix-en-Provence. Elle exerça la profession de professeur d'Anglais, puis de bibliothécaire.
Elle filma occasionnellement les scènes de famille par amusement, et, pour y montrer son père, invisible par sa position de réalisateur. Durant son enfance, Lucienne aidait son père à la conception des titrages. Elle rapporte être issue d'une famille aisée, ainsi l'art et  la culture représentaient une place importante dans son éducation. La famille organisait régulièrement des sorties à la bibliothèque et au cinéma. Dès l'apparition de la télévision, les Faral invitaient leurs amis pour visionner le film dominical. Lucienne se décrit comme proche de ses parents et témoigne d'une grande affection pour sa mère et d'une admiration pour son père.

Les lieux du temps

La famille Faral vécut au 56 Boulevard Eugène Pierre (13005) - tout d'abord au cinquième étage puis au quatrième étage à la naissance de Lucienne. Au centre de la Pomme se trouvait la maison du père de Pierre Faral, qui, quelques années plus tard devint une clinique. Toujours à la Pomme, sur les hauteurs, y logeait le parrain de Lucienne, propriétaire d'une petite maison. Cette maison servit de lieu de confinement lorsque Lucienne attrapa la coqueluche en 1947. Lorsque Lucienne se maria, ses parents déménagèrent à Fos-sur-Mer, où Lucienne habite encore aujourd'hui.

Images de la vie N°1: 1943 à 1945
Film 9,5, noir et blanc, muet, 9 mn 46 s, 1943-1945 - séquence n°: 923-020
Les deux premières années de Lucienne, entourée de sa famille, à la Pomme, à Notre Dame de la Garde, et à Noël



Images de la vie N°3: 1947
Film 9,5, noir et blanc, muet, 9 mn 14 s, 1947 - séquence n°: 923-024
Plusieurs vues de la fenêtre
de l'appartement du boulevard Eugène Pierre à Marseille, de la Fausse Monnaie au Prophète, La Pomme, le parc Chanot, la première scène filmée par Lucienne.

Vacances 1954 - Les Alpes
Film 9,5, noir et blanc, muet, 9 mn 46 s, 1943-1945 - séquence n°: 923-038
Vacances en famille dans les Alpes, avec passage par Les Mées, Montdauphin, Barcelonnette, Sisteron, Embrun...



Images de la vie N°11: 1955
Film 9,5, couleur et noir et blanc, muet, 8 mn 45 s, 1955 - séquence n°: 923-041
Passage de la course cycliste « l'Amovis », route de Ceyreste, Draguignan, Comps, les gorges de Daluis, le Var, Valberg, les gorges du Verdon, première communion, dans les bois de Peynier, Bendor.

Merci à Lucienne Faral pour ces précieux films et pour sa disponibilité qui nous a permis de compléter leur documentation.

Texte et entretien avec Lucienne Faral réalisés par Maïlyss Boutiti, étudiante en Master 2 Cinéma et audiovisuel : Ecritures critiques, recherche et didactique de l'image à la faculté d'Aix-Marseille, durant son stage à Cinémémoire de janvier à mars 2021, que nous remercions également pour son patient travail d'indexation !